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Les mobilités dans les métropoles : vieilles recettes ou nouvelle formule ?

Par Christophe Najdovski, Maire-Adjoint de Paris chargé des transports, des déplacements, de la voirie et de l’espace public

L’organisation des métropoles repose sur leurs systèmes de mobilité. Ce sont en effet les réseaux de transports qui permettent concentration démographique, concentration économique et concentration des services. Toutefois, qui dit concentration des activités et des populations, dit également concentration des nuisances et des congestions, qu’elles concernent les réseaux de transports en commun ou les réseaux routiers. Les métropoles sont ainsi les territoires les plus touchés par la pollution atmosphérique et par les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports routiers.

Des transports en commun propres et inclusifs

Enrichir et améliorer l’offre de transports en commun est la première des nécessités. En Île-de-France, le seul RER A transporte 1,2 million de passagers chaque jour de semaine (640 000 voyageurs aux heures de pointe) ! À titre de comparaison, le boulevard périphérique parisien, qui est l’autoroute urbaine la plus empruntée d’Europe et donc un des axes les plus pollués du continent, ne représente que 2 % des déplacements et 250 000 véhicules par jour. Face à l’« autosolisme », le développement de transports collectifs capacitaires reste une réponse efficace indispensable. Le succès des tramways qui font leur retour dans les métropoles, en sont une bonne illustration. De même, après avoir vécu pendant longtemps sur nos acquis, de grands projets d’infrastructures comme le Grand Paris Express sont de nouveau d’actualité. Le débat sur la gratuité des transports participe également de ce mouvement : à Paris, les mesures de gratuité des transports annoncées récemment par la Maire pour certains usagers (jeunes, personnes en situation de handicap, scolaires, seniors…) vont permettre de renforcer la mobilité des plus vulnérables et des plus défavorisés.

La marche et le vélo, leviers indispensables de la transition

Dans nos villes denses, redonner une place centrale aux modes actifs non polluants, peu encombrants, bons pour la santé et peu coûteux que sont la marche et le vélo est indispensable. Les métropoles françaises sont sur ce point en retard par rapport aux villes du nord de l’Europe, c’est bien davantage une question de volonté politique que de climat. A Paris, la voiture, qui ne représente jamais que 13 % des déplacements, occupe plus de 50 % de l’espace public. Ce dernier doit ainsi être réinvesti et rééquilibré. La Ville de Paris a ainsi fait le choix de consacrer 150 millions d’euros pour développer la pratique cyclable et avec la piétonisation des berges de Seine, le réaménagement de 7 grandes places parisiennes, etc. a entamé une importante reconquête de l’espace public. Ici comme ailleurs, les oppositions restent fortes, le dialogue et la pédagogie doivent accompagner ces changements qui sont aussi culturels.

Vers des mobilités partagées

Dans les grandes villes, une profonde évolution se dessine : celle du passage de la propriété à l’usage et celle de l’intermodalité connectée. Ces offres nouvelles (auto-partage, co-voiturage, vélos et trottinettes en libre-service, …) répondent à l’enjeu du dernier kilomètre et peuvent s’offrir à la fois comme complément des transports en commun et comme alternative à la voiture individuelle. Nous devons toutefois veiller à en limiter les impacts négatifs sur l’occupation du domaine public.

Avec la LOM, donner aux collectivités la faculté de réguler

Dans ce contexte, il est indispensable que la puissance publique se dote d’un cadre juridique adapté. La loi d’orientation des mobilités, qui sera bientôt débattue au Parlement, représente une opportunité à saisir. La loi doit donner aux collectivités la possibilité de se doter de moyens de contrôle performants, si possible automatisés, pour assurer le respect des règles édictées en faveur du respect des pistes cyclables, des couloirs de bus, des zones à faibles émissions, des aires piétonnes, des voies réservées au co-voiturage ou à la circulation de véhicules à faible émission. Enfin, elle devra trouver la bonne articulation entre l’autorité organisatrice de la mobilité régionale et les territoires (villes, métropoles, intercommunalités…) au sein desquels doit pouvoir s’organiser la régulation de ces nouvelles mobilités. 

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